Le président, cueilli par un vent violent à sa descente d'avion, main dans la main avec son épouse Michelle, s'est immédiatement rendu dans la résidence de la présidente Mary McAleese. Il devait également s'entretenir dans la foulée avec le nouveau Premier ministre Enda Kenny, dont le pays traverse une grave crise économique.
Mais cette visite de 24 heures en Irlande, coup d'envoi d'une tournée de six jours qui doit le conduire ensuite au Royaume-Uni, en France et en Pologne, devait rapidement prendre un tour plus personnel avec le pèlerinage de Barack Obama à Moneygall, le village où son arrière-arrière-arrière-grand-père a vu le jour. Les 350 habitants de cette bourgade située à 130 kilomètres de Dublin se sont préparés fiévreusement au retour de l'enfant prodigue et eux seuls pourront assister, avec les fermiers des environs, à cette étape de la visite sous haute sécurité.
«Cela va être un jour historique»
Les dissidents républicains nord-irlandais, favorables au rattachement de l'Irlande du Nord à la république d'Irlande, restent très actifs dans la région et la semaine dernière, la visite de la reine dans l'île avait été ternie par des alertes à la bombe qui leur ont été imputées. La venue du président Obama intervient aussi dans un contexte international tendu après la mort, le 2 mai au Pakistan, du chef d'Al-Qaïda Oussama Ben Laden, tué par les forces américaines.
Même si leur village est envahi depuis une semaine par une soixantaine de membres des services de sécurité américains, vêtus de noirs, les habitants de Moneygall ne boudent pas leur plaisir, à commencer par Henry Healy, comptable de 26 ans et cousin éloigné du président. «Cela va être un jour historique», s'enthousiasme-t-il.
34 millions d'Américains ont des racines irlandaises
Le président Obama pourra, s'il le veut, apercevoir ce qui reste de la maison de son aïeul, Falmouth Kearney, fils de cordonnier, qui a vécu dans cette bourgade jusqu'à 19 ans, avant d'émigrer en 1850 vers les États-Unis, à l'instar de milliers de ses compatriotes chassés par la famine. Pour saluer le retour du président sur les traces de ses ancêtres, la radio irlandaise diffusait lundi matin en son honneur le fameux tube composé par un groupe local pour son élection en 2008: «O Leary, O'Reilly, O'Hare et O'Hara, il n'y a pas plus irlandais que Barack O'Bama. Il est aussi irlandais que le bacon, le chou et le ragoût».
Un peu plus tard dans la journée, M. Obama devait d'ailleurs évoquer cette question de l'immigration, qui tient à cœur aux Irlandais, dans un discours prononcé en plein air sur les marches de la banque d'Irlande, au centre de Dublin, en présence de dizaines de milliers de personnes. L'estrade a été dressée dans la rue même où s'était exprimé l'un de ses prédécesseurs démocrates, Bill Clinton, en 1995. Près de 34 millions d'Américains ont des racines irlandaises, une dimension importante dans l'arithmétique politique aux États-Unis.
Mardi, Barack Obama se rendra pour trois jours à Londres où il sera accueilli en grande pompe par la reine, une personne «charmante» de l'avis du président américain dont la tournée vise aussi à rassurer le Vieux Continent qui se sent actuellement un peu délaissé par Washington. À commencer par le Royaume-Uni, très attaché à la «relation spéciale» qu'il entretient historiquement avec les États-Unis.
(L'essentiel Online/AFP)
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