"Il a été décidé que les ministres européens chargés de l'Agriculture et de la sécurité alimentaire se retrouvent demain (mardi) à 14 h à Luxembourg", a indiqué lundi un porte-parole de la présidence hongroise de l'Union européenne, Marton Hajdu. Les commissaires européens chargés de l'Agriculture, Dacian Ciolos, et de la Santé, John Dalli, "sont aussi invités", a précisé Marton Hajdu. "Ils feront le point de la situation du point du vue du marché (des légumes) mais aussi du point de vue de la sécurité alimentaire", a-t-il souligné. La date du 17 juin avait été envisagée dans un premier temps pour cette réunion extraordinaire, mais elle a été avancée.
La bactérie Eceh 22 morts au total Le ministre allemand de la Santé, Daniel Bahr, a mis en garde contre toute conclusion hâtive sur les graines germées comme possible vecteur de la bactérie mortelle Eceh. "Nous avons certes des indices clairs qu'une entreprise de Uelzen est apparemment une source d'infection, mais nous devons attendre la confirmation des tests de laboratoire", a-t-il dit dimanche soir sur la chaîne publique ARD. "Ce sera probablement la cas après-demain" (mardi 7 juin), a-t-il déclaré. Il a maintenu les conseils aux consommateurs d'éviter tomates, concombres, salades crus, y ajoutant les graines germées et jeunes pousses. Le ministre de l'agriculture de Basse-Saxe, Gert Lindemann, a annoncé dimanche que des graines germées et des jeunes pousses cultivées dans cet Etat régional pourraient être à l'origine de l'épidémie provoquées par la bactérie Eceh, qui a fait 22 morts en Europe, dont 21 en Allemagne. Au total, dans les pays membres de l'Union européenne, 1 605 cas de contamination par l'Eceh sont recensés et 658 autres présentent le syndrome hémolytique et urémique (SHU).L'épidémie mortelle d'Eceh, qui touche principalement l'Allemagne, et les avertissements émis par les autorités sanitaires allemandes contre la consommation de légumes crus tels que tomates, concombres et salades, ont provoqué une chute drastique des ventes de légumes et des exportations européennes, que plusieurs pays comme la Russie, le Liban ou le Qatar ont bloquées à titre préventif.
Les producteurs réclament des aides
L'Espagne a critiqué l'Allemagne pour avoir mis en cause au début ses concombres comme source possible de l'épidémie et entend à présent demander des dédommagements pour ses maraîchers. Les producteurs allemands, néerlandais, belges, portugais ou français réclament eux aussi des aides de l'UE. La semaine dernière à l'issue d'une réunion des ministres européens de l'Agriculture à Debrecen, en Hongrie, le commissaire Dacian Ciolos avait promis d'étudier toutes les possibilités d'aide, tout en prévenant qu'elles étaient "limitées".
Le marché des fruits et légumes est en partie géré par les producteurs eux-mêmes, regroupés au sein d'organisations, ce qui limite les moyens d'intervention. Toutefois, les budgets alloués par les Etats aux organisations de producteurs permettent de couvrir le prix du retrait du marché de certains produits dans de telles situations de crise, dans certaines limites, avait indiqué M. Ciolos. Et des aides d'Etat peuvent être débloquées "dans certaines limites" également en faveur des producteurs non regroupés dans des organisations.
Forte attente à Luxembourg
"Nous nous attendons à ce que le commissaire Ciolos arrive avec quelque chose de substantiel à Luxembourg", a indiqué un diplomate européen sous couvert d'anonymat. "Il pourrait par exemple proposer d'augmenter les plafonds pour les aides d'Etat aux agriculteurs", et "il pourrait aussi y avoir une sorte de compensation du budget européen en faveur des agriculteurs, mais les aspects juridiques doivent être clarifiés", a précisé ce diplomate.
A Debrecen, M. Ciolos avait notamment cité une clause de la Politique agricole commune qui permet de débloquer un appui financier aux producteurs dans le cas de crises graves telles que des séismes ou des inondations. Les services juridiques de la Commission européenne examinent actuellement la possibilité de recourir à cette clause dans le cadre de la crise actuelle, avait précisé M. Ciolos.
(L'essentiel Online/AFP)
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