Le compte-rendu du débat public sur le développement des nanotechnologies, qui s’est déroulé en France du 15 octobre
Opposants aux technologies accusées de transformer l’homme en machine, transhumanistes qui rêvent d’un ‘humain augmenté’, scientifiques qui défendent la recherche et l’innovation, citoyens qui s’inquiètent de la présence cachée de nanoparticules dans leur quotidien… Ce bilan rassemble un large éventail de points de vue.
C’est au gouvernement, commanditaire du débat, d’en tirer des directives, des orientations pour le développement des nanotechnologies en France.
De nombreuses inquiétudes
Sur le fond des débats, la CPDP retient plusieurs points centraux. Les inquiétudes du public portent sur les risques des nanos pour la santé et l’environnement ou sur les dangers que la nano-informatique (puces RFID..) fait courir aux libertés individuelles. Principe de précaution, besoin de contrôle, de transparence, de traçabilité et d’étiquetage, ou encore fiabilité des experts sont des questions récurrentes.
L’idée d’un moratoire ou d’un arrêt du développement des nanotechs «a été vigoureusement contestée», et n’est donc pas retenue, sans grande surprise. En revanche la commission insiste sur le fait que cette question de l’avenir des nanotechnologies appartient à la société civile, qu’elle est une affaire publique, nécessitant une «gouvernance moderne». Transparence, partage des responsabilités et éthique sont les mots clefs de cette gouvernance. Le fait que la société civile y soit associée fait l’unanimité, selon la CPDP.
Un débat chahuté
Le compte-rendu porte aussi sur la forme du débat, et pour cause. Les 17 réunions publiques programmées n’ont pas toutes pu se dérouler, des opposants ayant perturbé, gêné ou empêché certains débats (lire Le débat tourne court). Pour y échapper, la CPDP a inauguré des réunions avec deux salles (d’un côté le public, de l’autre les intervenants), avec la possibilité de participer par internet. Les deux dernières réunions publiques ont même été transformées en ateliers-débats au siège de la commission.
Cependant ces perturbations ne suffisent pas à expliquer la trop faible participation que déplore la CPDP. Au total, 3.216 personnes ont participé aux réunions, c’est en-deçà des attentes de la commission, qui s’interroge. Le sujet paraissait-il trop difficile? La forme du débat public est-elle désuète pour les plus jeunes?
Une partie de la réponse a sans été donnée dès le départ par les critiques qui estimaient que le débat était mal posé: «L’intitulé parlait de régulation et de développement, le problème n’était pas posé de façon globale et on était déjà dans l’acceptation» analysait ainsi Rose Frayssinet, des Amis de la Terre, en février dernier.
Cette expérience, conjuguant un faible intérêt et une forte opposition, obligera la CNDP à repenser les formes du débat. Pour l’instant seules les interrogations sont posées, les pistes ne sont pas encore ébauchées.
Cécile Dumas
sciencesetavenir.fr
13/04/10
Authors: Nouvel Obs