Dix ans et deux enfants plus tard, les Néerlandaises Helene Faasen et Anne-Marie Thus continuent de militer en faveur du mariage entre personnes du même sexe. «Nous nous sommes mariées par amour, pas pour des raisons politiques. Mais nous savions bien sûr que c'était un moment historique», raconte Anne-Marie Thus, 41 ans, employée dans une étude de notaire et militante active des droits des homosexuels.
Les deux femmes protègent farouchement leur vie privée. (AFP)
«Plus rien ne freine le mariage gay ou lesbien au Luxembourg»
L'essentiel: Il y a un an, une pétition de 2 000 signatures réclamant l'ouverture du mariage civil aux couples du même sexe était remise à la Chambre. Depuis…
François Diderrich (président de l'ASBL Rosa Lëtzebuerg): Les choses avancent. N'est plus attendu que l'avis du Conseil d'État sur le projet de loi pour que les parlementaires passent au vote. La communauté gay-lesbienne, et la société en général, attend cette loi avec impatience. Mais soyons raisonnables, il n'y aura rien à espérer avant l'automne.
Ce délai ne vous semble-t-il pas trop long?
Ce qui est important c'est que plus rien ne freine le mariage gay ou lesbien au Luxembourg. Peu d'élus ont traîné des pieds pour que le dossier progresse, il faut le souligner. Maintenant, il restera des avancées à obtenir ici comme dans le reste de l'Union européenne. En effet, à l'échelle communautaire, les États n'ont pas l'obligation de reconnaître le statut d'état-civil accordé par l'un ou l'autre des 27 pays membres. Au Grand-Duché, pas mal de couples bi-nationaux sont intéressés par une avancée sur ce point.
Concernant le droit à l'adoption des couples homosexuels, que demande Rosa Lëtzebuerg?
L'adoption simple est ouverte aux personnes seules mais pas aux couples gay ou lesbiens… Il faut unifier cela. Tout comme le principe de l'adoption plénière devra être revu aux nouvelles formes de famille. L'ORK y est favorable, le Comité national d'éthique est plus réservé, on verra.
Recueilli par Patrick Jacquemot
En convolant devant la presse du monde entier, les deux femmes voulaient «que chacun sache combien il est horrible d'être privé d'un droit qui est naturel pour les autres», ajoute Helene Faasen, 44 ans, notaire. «Un hétérosexuel n'a jamais besoin de se demander s'il a le droit de se marier ou pas, il a seulement besoin d'avoir assez de chance pour trouver l'amour de sa vie», dit-elle.
«Nous voulons montrer à quel point nous sommes normales»
Les Pays-Bas ont été le premier pays au monde à légaliser le mariage homosexuel en 2001. Depuis, quelque 15 000 mariages gays et lesbiens y ont été célébrés, soit environ 2% du nombre total, selon l'Office central des statistiques (CBS). Helene Faasen et Anne-Marie Thus vivent à Maastricht (sud des Pays-Bas) avec Nathan, 10 ans, et Myrtle, 9 ans, leurs enfants conçus grâce à des dons de sperme anonymes. «Comme beaucoup d'autres gens, nous avons une famille, un travail, une maison, un chien et deux lapins», détaille Anne-Marie Thus, qui dit aimer cuisiner.
Les enfants acceptent leur situation familiale «comme étant simplement l'une des possibilités existantes», souligne Anne-Marie Faasen, qui aime le jardinage. «La seule objection que notre fils ait jamais formulée concernait le surcroît de travail pour la Fête des mères». Les deux femmes protègent farouchement leur vie privée. Mais acceptent parfois de lever un coin du voile, pour la bonne cause. «Nous voulons montrer à quel point nous sommes normales», explique Helene Faasen en faisant un clin d'œil à son épouse. «Ce n'est pas le Sodome et Gomorre que les gens attendent comme résultat de la légalisation du mariage homosexuel», poursuit-elle.
(L'essentiel Online/AFP)
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