Le chef du gouvernement qui avait farouchement fait campagne contre cette introduction du divorce dans la législation a reconnu la défaite du "non" au référendum de samedi. "Ce n'est pas le résultat que je souhaitais, mais la volonté du peuple doit être respectée", a-t-il dit. Conséquence de ce scrutin qui n'avait qu'une valeur consultative, "le Parlement doit préparer une loi" spécifique autorisant le divorce, a-t-il ajouté.
Quelle était la question posée?
Les partisans du "oui" mettaient en avant le sort des personnes séparées qui veulent fonder une nouvelle famille, mais ne le peuvent pas. À l'inverse, les défenseurs du "non" disaient redouter une "déstabilisation" des familles et une augmentation exponentielle des séparations. Les électeurs devaient répondre "Iva" (oui) ou "Le" (non) à la question : "Êtes-vous d'accord pour offrir la possibilité de divorcer aux couples mariés qui sont séparés depuis quatre ans quand il n'y a pas de probabilités raisonnables de réconciliation et quand le bien-être des enfants est assuré?"
C'est une hypothèse désormais envisageable car le Parti nationaliste (chrétien-démocrate et conservateur) au pouvoir ne dispose que d'une courte majorité - d'un siège - à la Chambre des représentants maltaise et l'un de ses parlementaires défendait le "oui", ont noté des analystes. Si l'on exclut le Vatican, micro-État dirigé par le pape, Malte, membre de l'Union européenne depuis 2004, est le seul pays en Europe à interdire le divorce.
«Le choix du peuple est clair»
Dans le reste du monde, il ne reste guère que les Philippines à être dans cette situation, le Chili ayant été l'un des derniers à le légaliser, en 2004. Le comptage des suffrages des 304 000 électeurs maltais (sur une population de 408 000 habitants) a débuté vers 10h00 et devait se poursuivre tout l'après-midi jusqu'aux environs de 17h00, avant la proclamation des résultats officiels.
"Le «oui» l'a emporté et nous exhortons les parlementaires à voter une loi pour l'introduction du divorce" à Malte, a dit l'avocate Deborah Schembri, chef de file du camp favorable au divorce. Selon Mme Schembri, le "oui" atteint environ 54%, sur la base des estimations disponibles. Pour Arthur Galea Salomone, vice-président du mouvement pour le "non" au divorce, "le choix du peuple est clair: il a opté pour l'introduction du divorce".
95% de la population maltaise est catholique
Officiellement, l'Église catholique ne faisait pas campagne, mais l'archevêché de La Valette a pesé de tout son poids dans la balance en avertissant dans une lettre aux paroissiens que les électeurs devaient "choisir entre construire et détruire" les valeurs familiales. Des témoignages faisaient en outre état de prêtres ayant menacé de refuser la communion à celles de leurs ouailles qui auraient voté "oui".
À Malte, les catholiques représentent 95% de la population et on y compte presque une église au km2. A l'heure actuelle, les Maltais peuvent se séparer légalement, mais il leur est très difficile de se remarier car il faut d'abord annuler le mariage, une procédure longue -elle dure généralement environ huit ans- et compliquée. De plus, l'annulation est rarement prononcée par les tribunaux religieux catholiques.