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Thursday, 05 January 2012 11:00

[La Start-Up française de la Semaine] : ePawn

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Cet article fait partie d’un nouveau rendez-vous hebdomadaire sur Presse-Citron. Une nouvelle start-up française vous sera présentée chaque semaine : le Jeudi à 11h.

Ce mois de Janvier sera consacré au jeu, et aux start-ups qui se sont spécialisées d’une manière ou d’une autre dans ce domaine.

A la fin du mois, les lecteurs de Presse-Citron seront amenés à voter pour l’une des 4 start-up présentées et élire la Start-Up du mois.

[La Start-Up française de la Semaine] : ePawn

Que fait ePawn ?

ePawn veut se faire rencontrer jeu de société et jeu vidéo au travers d’une expérience innovante : vous interagissez donc avec le plateau de jeu grâce à de véritables pions et objets qui sont pris en compte dans le jeu vidéo.

Pour donner un exemple concret : vous avez devant vous un écran de 26 pouces que vous placez à l’horizontale sur une table. Cette «tablette», surnommée la ePawn Arena, n’est pas un ordinateur et ne va pas pouvoir faire tourner un jeu seul. Il faudra connecter votre ePawn a un PC, Mac, iPhone, iPad, téléphone sous Android, etc. où vous aurez téléchargé le jeu.

[La Start-Up française de la Semaine] : ePawn

Prenons le cas où j’utilise mon iPad : celui-ci communique des informations avec la ePawn Arena à la fois en Wifi et via le câble HDMI.

Le jeu en question pourrait être un jeu de Monopoly, de Dungeon & Dragon, de Risk, etc. Vous lancez l’application depuis votre iPad et le jeu apparaît sur le ePawn Arena. Vous disposez vos pions sur le plateau et un système electro-magnétique va venir capter l’emplacement de vos pions. Chaque pion est équipé d’une puce différente ce qui signifie que la ePawn va reconnaître quand vous déplacez votre chevalier ou votre dragon sur le plateau. De même, la tablette reconnaîtra les déplacements de plusieurs joueurs en simultané (alors que les jeux multijoueurs sont quasiment impossibles sur un iPad).

[La Start-Up française de la Semaine] : ePawn

Vous déplacez un helicoptère au-dessus du plateau ? Aucun souci, la ePawn Arena gère également l’altitude de manière très fine.

Bref, ePawn a un produit très impressionnant avec lequel il souhaite révolutionner le monde du jeu de société et du jeu de plateau.

Et avec sa prétention de proposer sa ePawn Arena haut de gamme dans une fourchette entre 300 & 400€, la start-up française a très certainement un coup à jouer.

Mais ils pensent également à une version low-cost qui risque d’intéresser énormément les éditeurs de jeux de société. En effet, cette version sans écran, proposée à moins de 100€ va utiliser un plateau également équipé de capteurs détectant la position des pions. Grâce à cela, ePawn veut enrichir les jeux de plateau en faisant apparaître sons et images sur l’iPad/téléphone/ordinateur connecté pour donner une plus grande profondeur à ceux-ci.

[La Start-Up française de la Semaine] : ePawn

Qui est derrière ePawn ?

Les petits bureaux de ePawn se trouvent au bout du couloir de l’incubateur ParisTech Entrepreneurs. Ces bureaux sont partagés par 4 ingénieurs qui sont la plupart du temps face à leurs ordinateurs. Sauf pour Valentin Lefèvre. En effet, le CTO de ePawn passe énormément de temps sur une longue table qui longe le mur. Sur celle-ci se démarque un oscilloscope massif, un fer à souder, et un fatras de fils et de morceaux de plastique avec lesquels Valentin construit des pions de jeu de plus en plus perfectionnés.

Valentin est un inventeur et ePawn est son terrain de jeu.

Et cette start-up est loin d’être sa première aventure entrepreneuriale puisque c’est en 1998 qu’il avait lancé Total Immersion dans son garage, l’une des sociétés leaders dans le domaine de la réalité augmentée ajoutant notamment des images de synthèse dans de la vidéo. La société prospère encore aujourd’hui avec plus de 60 employés et de nombreuses sociétés  faisant appel à leurs services, de Alstom à Disney en passant par James Cameron qui voulait voir apparaître le vaisseau de Avatar grâce à une bouteille de Pepsi.

Sauf que la réalité augmentée est généralement utilisée pour avoir un effet «Waou» pendant une campagne publicitaire… mais peut être pas d’utilité primordiale.

[La Start-Up française de la Semaine] : ePawn

De l’autre côté nous avons Christophe Duteil qui occupe la position de CEO après avoir dirigé de nombreux projets pour de grandes sociétés telles que Thales ou Alcatel Lucent. Mais Christophe avait cette impression d’avoir fait le tour de ce domaine et l’envie d’autre chose. C’est la raison pour laquelle il quitta son emploi en 2009 sans la moindre idée de ce qu’il allait faire ensuite. Il se demanda pendant 2 longs mois ce qu’il allait pouvoir faire de sa vie. Au cours d’une discussion, un ami lui confia avoir la conviction que nous savons depuis que nous sommes tout petits ce que nous voulons faire de notre vie.

Et Christophe a toujours adoré les jeux : les jeux de société mais aussi les jeux vidéo. Sauf qu’il a toujours regretté le manque d’interactivité des jeux de société. Il a toujours eu dans sa tête l’image d’un plateau qui réagirait aux actions du joueur.

C’est lors d’un repas avec Valentin, ami qu’il a rencontré chez Thales, que l’ePawn fit un grand pas vers la concrétisation.

Christophe parlait de cette idée de jeu de société interactif qu’il a en tête depuis qu’il est tout petit sans avoir aucune idée de comment cela pourrait être réalisable. De son côté, Valentin en avait une petite idée… il en avait même des dizaines qui fusaient et il lui fit savoir qu’il fallait absolument qu’ils montent leur boîte.

[La Start-Up française de la Semaine] : ePawn

Et avec ePawn, les deux hommes ont fait le choix de partir de l’idée, de cette envie de jeu de plateau interactif plutôt que de partir de la technologie et de voir ce qu’ils pouvaient en faire.

Et c’est après une année de R&D à perfectionner leur prototype, partant d’un écran entouré de bois et à l’aspect rudimentaire (qui arriva tout de même à convaincre leurs premiers investisseurs) pour en arriver à un produit déjà très impressionnant alors qu’il n’est pas encore fini (à terme il devrait être à peine plus épais qu’un iPad mais d’une taille plus de 4 fois plus grande).

Et alors que Valentin l’inventeur s’est bien amusé, c’est maintenant au tour de Christophe d’arriver dans ce moment favori où il va devoir trouver du contenu et convaincre les éditeurs de jeux d’utiliser leur SDK pour développer une version ePawn de leurs jeux.

Mais d’expérience, Christophe & Valentin savent déjà que ce développement est très rapide. Ils ont récemment réussi le portage d’un jeu en deux soirées passées avec l’équipe de Fun Forge Digital à boire de la bière tout en réinventant leur prochain jeu pour iPad : Inventorium.

[La Start-Up française de la Semaine] : ePawn

Pour ePawn, 2012 sera l’année du contenu… et surtout, si tout se passe bien, 2012 sera l’année du lancement de la ePawn Arena pendant son dernier trimestre.

Carte d’identité

Nom : ePawn

Date de lancement : Août 2010

Lieu des bureaux : Paris14ème

Nombre d’employés : 4

Modèle économique : ePawn se base sur 2 grands axes : d’un côté ils veulent vendre la ePawn Arena directement aux joueurs (en BtoC pour les amateurs d’acronymes), mais ils veulent également travailler en BtoB pour vendre la technologie à d’autres sociétés qui voudraient proposer une utilisation hors du secteur du jeu avec la tablette ePawn.

La société est donc actuellement à la recherche de partenariats avec des éditeurs de jeux pour proposer du contenu dès le lancement de la ePawn Arena.

La start-up s’imagine déjà vendre des sachets de figurines équipées de capteurs qu’il faudrait collectionner et qui s’adapteront à chaque jeu (qui voudrait jouer à un jeu de hockey sur glace avec une figurine de dragon ?)

[La Start-Up française de la Semaine] : ePawn

Anecdotes :

  • Alors qu’ils étaient à l’ESSEN (le plus gros salon européen du jeu de société), Christophe et Valentin ont pu voir 2 enfants de 6 & 10 ans s’approprier le prototype de ePawn Arena pendant 1h. Les enfants jouaient à une démo technique qui n’avait pas de règles, ils s’étaient donc imaginé des règles et manipulaient ce genre de figurines qu’ils adorent et les déplaçaient sur le terrain en utilisant le bouton de tir présent sur l’iPhone posé à côté. Les deux hommes savaient alors avoir trouvé quelque chose avec l’ePawn.
  • Egalement lors d’un salon, le responsable du département fusion et acquisition d’une énorme boîte de jeux de société qui fait des milliards d’euros par an (et dont je dois taire le nom) est venu tester la ePawn Arena avant de demander aux fondateurs : «vous êtes combien de centaines pour faire ePawn». A l’époque, ils n’étaient que 2 sur le projet et ils lui ont donc répondu qu’ils étaient… moins d’une centaine.

Points forts :

  • ePawn propose véritablement un produit innovant, un nouveau type de jeu qui pourra faire apparaître des usages hybrides
  • entre 300-400€ pour la version haut de gamme, l’ePawn restera relativement accessible au regard de la qualité du produit
  • proposer une version à moins de 100€ est également une bonne stratégie et pourra intéresser les éditeurs de jeux de société, tout comme un public plus large
  • une technologie déjà très impressionnante (alors que réalisée à 4 personnes et très peu de moyen) qui sera évolutive du fait de la connexion à un ordinateur/tablette/smartphone pour faire tourner le moteur du jeu

Points faibles :

  • obligatoirement besoin de passer par un ordinateur/tablettes/smartphone pour faire tourner le jeu… il faudra espérer que le jeu qui vous fait saliver ne sera pas uniquement porté sur iPhone par son éditeur alors que vous n’avez qu’un PC.
  • il faut attendre le dernier trimestre 2012… quand on a eu l’occasion de voir la ePawn Arena en marche, cela semble loin.

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