l'essentielPourquoi avoir sorti deux albums aux titres opposés («La Colombe» et «Le Corbeau») à quelques mois d’intervalle?
Soprano: Depuis le début de ma carrière, j’ai voulu développer trois univers différents. Je n’ai pas encore eu l’occasion de proposer mon côté reggae. Sur «La Colombe», j'ai choisi d'exposer ma facette mélodieuse. «Le Corbeau» est beaucoup plus hip-hop et clairement fait pour la scène. La performance y prend tout son sens. Je n'aime pas trop les doubles albums, donc j’ai préféré laisser passer du temps entre les deux sorties.
Des invités de renom ont participé au dernier album. Comment s’est passé le duo avec Method Man?
J’étais en Allemagne, en tournée. J’ai eu le temps d’enregistrer quelques morceaux dans un studio. Method Man, qui y passait quelques jours après, a flashé sur une instru et a demandé à poser dessus. Nous ne nous sommes pas rencontrés, mais naturellement j’étais ok ! D’autant que ça s’est fait sans d’interminables négociations entre maisons de disques.
Y a-t-il une logique dans le déroulement de «One Love» qui démarre par un hommage à la musique en général avant un recentrage sur le rap?
C'est totalement calculé. À la base, je souhaitais seulement faire de la musique. Michael Jackson m’a donné envie de le faire. Quant à Bob Marley, c’est lui qui m’a poussé à délivrer des messages. Avant le rap, j’ai écouté beaucoup de musiques françaises. Puis j’ai découvert le hip-hop, auquel je rends hommage dans le deuxième couplet. Un bon moyen de montrer à mon public que le rap français n’est pas né avec «A la bien». Des mecs comme Rocca ou Arsenik ont marqué le hip-hop en France.
Au niveau du concept, «Regarde moi» ressemble à un film choral. C’est assez original.
Tout à fait. Je me suis inspiré du film «Collision» en présentant trois personnages différents dans chaque couplet. Un banlieusard surdiplômé, au chômage et au bout du rouleau, une jeune fille marquée par les épreuves de la vie et un bourgeois hautain. À la fin, ces histoires se réunissent dans une banque… Pour moi, c’est une manière de parler de «la France d’en bas», celle que nos dirigeants ne connaissent pas. Un simple exemple, lors des manifestations contre les retraites, Nicolas Sarkozy était occupé à recevoir Thierry Henry à l’Élysée…
Bientôt dix ans que vous êtes arrivé sur le devant de la scène avec les Psy 4 de la Rime. Comment jugez-vous l’état du rap marseillais? Où en est la relève?
Il est difficile pour les jeunes artistes d’émerger. C’est un problème de médias. À Paris, il existe une certaine effervescence autour du hip-hop. Du coup, les journalistes viennent au concert. Ici à Marseille, ce n’est pas franchement le cas. Nous, nous avons été exposés grâce à IAM. L’une des seules manières pour les jeunes rappeurs d’avoir des opportunités, c’est de venir déposer ses maquettes dans les bureaux de mon label, Street Skills. C’est dommage, car la scène marseillaise est diversifiée.
Quelle est votre réaction à propos de votre morceau posté sur Facebook par Lionel Messi? (Nuestra B.S.O du groupe Delahoja)
C’est un truc de fou! On est super contents. Surtout que ça vient du meilleur joueur de foot du monde. Il l’a présenté comme l’hymne des joueurs du Barça. Depuis, j’ai des milliers de demandes d’amis sur Facebook. Incroyable!
Recueilli par Thomas Holzer
Soprano, samedi, à 20 h 30, au Galaxie d’Amnéville. Prix : 25/29 euros.
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