Qu'il s'agisse d'ouvrir la route et balayer la piste pendant trois jours, comme lors de sa victoire en Sardaigne au début du mois, ou de rouler en pneus terre sur des portions d'asphalte, avec en prime une pénalité d'une minute pour pointage en avance, comme ce week-end en Argentine, c'est comme si le Français faisait encore des progrès cette saison, malgré des handicaps divers et variés. «Cette victoire est vraiment incroyable, parce que c'est celle qu'on attendait le moins», a dit Loeb, à chaud, au point stop de la Power Stage (ES19, 3 km), l'ultime spéciale de ce rallye dans laquelle il a enfin pris l'avantage sur Ogier, suivi comme son ombre par Mikko Hirvonen (Ford Fiesta RS).
Sept fois champion du monde, six fois victorieux à Cordoba (2005 à 2009, 2011), Loeb continue à creuser l'écart, méthodiquement, en tête du championnat pilotes. Il va repartir d'Argentine avec 13 points d'avance sur Hirvonen, et Citroën, grâce à la 3e place d'Ogier, compte désormais 33 points d'avance sur Ford, dans le duel des constructeurs. C'est la troisième victoire de Loeb en 2011 après le Mexique et la Sardaigne, contre deux pour Ogier et une pour Hirvonen. C'est aussi la 5e victoire de la nouvelle DS3, toutes remportées sur terre, contre une seule pour la nouvelle Ford Fiesta, sur la neige suédoise. Relégué à la 5e place, vendredi soir, à une minute et demie de Jari-Matti Latvala (Ford Fiesta RS), Loeb a passé les deux journées suivantes à remonter au classement, en enfilant les temps scratch comme des perles: huit au total, dont cinq samedi et encore deux dimanche matin.
Réclamation de Ford
Le caïd du WRC a aussi profité d'une casse mécanique sur la Fiesta de Latvala, intouchable vendredi mais malheureux samedi, puis d'un tonneau d'Ogier dimanche matin, à un kilomètre de l'arrivée d'Ascochinga, la plus longue spéciale du rallye (ES16, 48 km). Son jeune coéquipier avait entamé la matinée en leader, avec 43 secondes d'avance sur Hirvonen et 47 sur Loeb. À la fin de cette ES16, il avait perdu 26 secondes sur Loeb, enfoncé son pare-brise, arraché son aileron, et sa direction assistée était en panne. «C'est une erreur de note, un virage que j'avais noté "corde" et qui ne l'était pas, et on l'a payé cher. On s'en veut toujours, mais c'est le rallye. Sans direction assistée, c'était très dur, j'ai fait mon maximum pour résister mais dans la dernière spéciale j'avais l'impression de ne plus arriver à tenir le volant», a dit Ogier, dépité.
«Ça nous coûte beaucoup de points au championnat, ce n'est pas une bonne opération mais je ne peux m'en prendre qu'à moi-même. Le seul point positif c'est que je ne pénalise pas trop l'équipe, puisqu'on fait quand même 1er et 3e. Mais d'un point de vue personnel, ça fait mal», a-t-il ajouté. Bien après l'arrivée, Ford a déposé une réclamation étonnante, par rapport aux trajectoires des Citroën, le vendredi après-midi, sur les 20 km d'asphalte de l'ES7 (El Condor), leurs passages dans la terre pour couper les virages. Soit exactement ce qu'avait fait Latvala pour creuser l'écart le matin, dans la même spéciale. Comprenne qui pourra...