Cet ingénieur de 43 ans, qui travaillait chez Philip Morris tout comme sa femme, est présenté comme «quelqu'un d'extrêmement introverti qui avait peu de vie sociale» par la police suisse, pour qui «ces aspects-là n'aident pas à la résolution de cette affaire».
Depuis sa mort à Cerignola, dans la soirée du 3 février, les polices italienne, suisse et française tentent de recomposer le puzzle du macabre voyage de cet homme qui a, pour l'heure, emporté dans sa mort le secret du sort de ses jumelles.«Tant que nous n'avions pas d'informations concernant le décès du papa, nous n'étions pas particulièrement inquiets pour l'intégrité des filles surtout que, depuis le début de l'enquête, toutes les informations nous disent qu'à aucun moment le papa n'a été violent avec ses filles ou avec son épouse», indiquait Jean-Christophe Sauterel, porte-parole de la police suisse.
Séparé depuis août 2010 d'avec sa femme
Un père apparemment non-violent qui a en outre, selon l'agence Ansa, légué l'essentiel de ses biens à ses fillettes, selon un testament retrouvé à son domicile. «Amateur de mer, il était plutôt de bon milieu, vivant bien, famille normale, très près de ses enfants, très sérieux mais qui a mal supporté manifestement l'intention de sa femme de divorcer», a résumé le procureur de Marseille, Jacques Dallest. Au crédit de cette thèse du divorce insurmontable, l'envoi d'une carte postale de Matthias S. à sa femme italienne Irina dans laquelle il affirme ne pas pouvoir vivre sans elle. Pour Valerio Lucidi, l'oncle maternel des jumelles, il ne fait aucun doute que son beau-frère a eu un «mouvement de folie totale».
Ce Suisse, né au Canada, était un homme «d'1m80, de corpulence moyenne, aux cheveux blonds avec une calvitie frontale et aux yeux bleus» qui souffrait d'un strabisme divergent de l'œil droit. Un élément physique qui a contribué à son identification formelle par un pompiste de la région marseillaise. Sans attache connue à Marseille et n'étant jamais allé en Corse auparavant, selon le procureur, il était séparé de corps avec sa femme depuis août 2010. Il avait conservé le domicile familial et voyait ses filles les week-ends.
«Faire du mal après sa mort»
Pour Philippe Jaffé, spécialiste en psychologie légale interrogé par la Tribune de Genève, «cet homme devait être en proie à des états d'âmes extrêmement fluides qui devaient le faire passer fréquemment de "désemparé" à "déterminé"». Sur le fait qu'il ait envoyé plusieurs courriers à sa femme avec de l'argent liquide à l'intérieur, cet expert juge qu'en tant qu'«ingénieur, il devait posséder un côté organisé, méthodique, qui l'a peut-être poussé, dans un moment de lucidité, de mobilisation extrême, à mettre les points sur les i».
«Ou alors, il aurait eu envie de faire du mal encore après sa mort. Il ne faut pas perdre de vue qu'il était en fuite, loin de son environnement et de ses proches, d'où une perte totale de repères, rappelle-t-il.
L'appel à témoins de la mère d'Alessia et Livia
(L'essentiel Online/AFP)
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