Le Pr Charles Pull, de la Clinique des Troubles Émotionnels du CHL accompagnera Marc Dammé, psychologue du Laboratoire des troubles émotionnels au Centre de Recherche Public de la Santé de Strassen, pour l’étude qui sera lancée le 14 mars prochain. Entretien avec le psychologue de l’expérience.

L’essentiel Online: Pour comprendre une peur, il faut pouvoir la nommer...

Marc Dammé: On peut l’appeler aviophobie ou phobie de prendre l’avion.

Comment se traduit cette phobie?

C’est en général une crainte marquée et persistante de prendre un avion, d’être à l’intérieur ou de le voir. Il en résulte des symptômes physiologiques et psychologiques: le cœur bat fort, on a de la transpiration, des tremblements, des pensées catastrophiques (peur de mourir ou de devenir fou). Ce sont des attaques de panique.

De «voir un avion»?

Oui, tout dépend de la gravité de la phobie mais certains sont nerveux rien qu’en achetant le ticket. D’autres sont calmes jusqu’à l’embarquement et même jusqu’au décollage.

Quelles sont les causes de cette phobie?

On ne peut pas toujours le savoir. Souvent, elle provient d’une mauvaise expérience dans un vol: un orage, un accident où l’on n’était pas sûr de revenir sur terre. La peur vient d’une réminiscence. Certains ont même peur sans avoir jamais pris l’avion, par simple appréhension. Très souvent, il y a de multiples raisons.

Est-ce que la médiatisation des crashs et attentats développent cette phobie?

Il est possible que des gens aient une appréhension en voyant des images chocs à la télévision par exemple. Souvent, ça se rajoute à une crainte déjà existante, surtout s’il y a une relation étroite avec la personne, par exemple si le patient connaît la victime ou si le crash a eu lieu au Luxembourg ou à côté.

Cette peur touche beaucoup de monde au Luxembourg?

On estime 15% de la population réellement atteinte de phobie et 20% ont une peur modérée de prendre l’avion. Mais les gens sont encore gênés d’en parler, aujourd’hui.

Plutôt la population masculine ou féminine?

Pour toutes les phobies, on constate souvent que les femmes sont deux fois plus atteintes. Mais ça peut aussi s’expliquer par le fait que les hommes sont plus souvent réservés et ne préfèrent pas en parler.

Quels sont les moyens d’apaiser cette peur?

On se base sur le modèle de la thérapie comportementale et cognitive. Nous faisons de la psychoéducation: on explique pourquoi la peur s’active et on apprend des techniques de relaxation et de respiration. Il y a aussi un travail sur les pensées qu’il faut détourner de sa peur. Enfin, dans la thérapie, il y a une confrontation à la situation. Il faut s’exposer pour la combattre.

Propos recueillis par Jonathan Vaucher/L’essentiel Online