«La justice de l'Union ne remet pas en cause la sentence définitive du tribunal d'appel contre Florence Cassez», aujourd'hui âgée de 36 ans, selon le jugement rendu public devant la quarantaine de journalistes présents. Les trois magistrats de la Cour de cassation ont pris leur décision après moins de deux heures de réunion. La Française, qui a toujours clamé son innocence, n'a plus de recours devant la justice mexicaine, mais elle peut encore saisir des organismes internationaux, a indiqué le second conseiller de l'ambassade de France à Mexico, Florian Blazy. «Nous devons faire réviser ce jugement. Il existe d'autres recours internationaux», a dit le diplomate français.
Deux soutiens de poids Au commencement de l'affaire, l'opinion mexicaine s'était unanimement montrée hostile à Florence Cassez et le verdict médiatique était sans appel contre la «Française diabolique». Mais, en cinq ans, l'activité des avocats et des enquêtes de presse approfondies, notamment de la part de journalistes français sur place, sur un dossier de plus de 10 000 pages, avaient semé le doute dans des cercles de plus en plus larges au Mexique. En novembre 2010, la Française avait reçu deux soutiens notables : celui de l'Église catholique du Mexique et celui d'un ex-Procureur général fédéral, l'équivalent du ministre de la Justice, qui ont affirmé croire en son innocence. L'Eglise avait conclu à une «violation absolue» des droits de Florence Cassez et à son «absolue innocence». L'ancien ministre Ignacio Morales Lechuga a estimé pour sa part que la procédure «n'a pas respecté les règles du droit pénal mexicain, a violé les droits de la condamnée» et «a abouti à laisser en liberté les coupables véritables du crime».Les hypothèses envisagées par l'ambassade dès avant le jugement étaient celles de la Cour interaméricaine des Droits de l'Homme ou la Cour internationale de Justice de la Haye. «Je ne sais pas comment est Florence, mais je peux l'imaginer», a commenté M. Blazy.
L'accusation «repose sur du sable»
Florence Cassez, arrêtée en décembre 2005 au cours d'un simulacre d'interpellation organisé pour la télévision, avait été condamnée à 96 ans de prison en première instance, une peine ramenée en appel à 60 ans de prison en mars 2009. L'arrestation de Florence Cassez, en compagnie de son ex-compagnon Israel Vallarta, avait fait l'objet d'une retransmission télévisée présentée à l'aube du 9 décembre 2005 comme un reportage en direct dans un «rancho», une maison de campagne aux abords de Mexico.
La Française avait clamé avoir été arrêtée la veille et mise au secret en attendant l'aube. La police avait ensuite reconnu avoir procédé à une «reconstitution». Pour les défenseurs de la jeune femme, le recours en cassation («amparo») déposé en août 2010 visait à démontrer que toute l'accusation «repose sur du sable», sur «des preuves falsifiées», selon les termes de l'avocat français de Florence Cassez, Frank Berton.
Authors: